Critique : ‘The Winter King’ déçoit avec sa saga du roi Arthur.

La série “The Winter King” de la série MGM+, adaptée d’une trilogie de romans de l’écrivain anglais Bernard Cornwell, s’inspire principalement du mythe arthurien. Toutefois, le récit se rapproche davantage de la fiction historique terre-à-terre que des contes de fées ou de la fantasy. Dans les cinq épisodes fournis en avance, Arthur Pendragon (Iain De Caestecker) ne tire pas une épée de pierre et n’affronte aucun dragon. Au lieu de cela, “The Winter King” traite de préoccupations plus pragmatiques : les ressources naturelles, la souveraineté nationale et les alliances politiques nécessaires pour les obtenir. Il y a des indices de surnaturel avec des personnages tels que Merlin (Nathaniel Martello-White), bien que leurs capacités soient présentées non pas comme une réalité objective mais comme une croyance subjective en compétition avec le christianisme montant.
Une série inspirée par l’histoire britannique
Dans cette optique, “The Winter King” ressemble davantage à “Game of Thrones” qu’à certaines des séries plus fantastiques et à plus gros budget construites à l’image de la série à succès d’HBO. En effet, l’écrivain George R.R. Martin s’est inspiré de l’histoire britannique pour créer la matière première de “Game of Thrones”. En s’appuyant sur la quête d’Arthur pour unir les royaumes britanniques en guerre contre les Saxons envahisseurs, les créateurs Kate Brooke et Ed Whitmore, ainsi que le réalisateur principal Otto Bathurst, puisent dans la même source. Mais alors que son approche plus réaliste des origines du roi Arthur pourrait plaire aux fans de “Thrones” et aux amateurs de romans historiques, “The Winter King” manque également de personnages complexes et nuancés qui transforment les faits secs en une fiction captivante.
Le récit centré sur Arthur et Derfel
“The Winter King” commence par l’exil d’Arthur du royaume de Dumnonia, qui correspond grosso modo aux régions actuelles de Devon et de Cornouailles dans le sud-ouest de l’Angleterre, car il avait échoué à protéger son demi-frère lors d’une bataille. Le roi Uther (Eddie Marsan) ressent déjà du ressentiment envers Arthur, son fils bâtard et un rappel vivant de son inconduite ; il ne lui faut pas grand-chose pour transformer la douleur pour son héritier en rage. Mais avant que Arthur ne parte, il sauve Derfel (Stuart Campbell), un orphelin saxonne blessé, et l’emmène à Avalon de Merlin – un sanctuaire plutôt qu’une île mystique. Derfel devient alors le protagoniste de la série. C’est par son point de vue que nous vivons le retour d’Arthur, des années plus tard, après la mort d’Uther et dans le vide de pouvoir que son père a laissé derrière lui.
La mise en place de “The Winter King” est entièrement réalisée après quelques épisodes d’une heure, un long préambule alourdi par l’exposition. Finalement, une dynamique se développe : au fil des années passées à l’étranger, Arthur a acquis des idées progressistes, telles que son opposition aux sacrifices humains et son plan pour une Grande-Bretagne unifiée qu’il prévoit de mettre en œuvre en tant que régent de facto pour son demi-frère nouveau-né, Mordred. De manière comique, la modernité d’Arthur est retransmise à travers sa coiffure : la plupart des autres personnages masculins portent des cheveux longs de l’époque, tandis qu’Arthur arbore une coupe contemporaine près de la tête.
Des personnages mythiques dans un cadre réaliste
La représentation d’Arthur du point de vue de Derfel masque à la fois la vie intérieure d’Arthur et enferme la série dans une histoire clichée de passage à l’âge adulte. Vu de l’extérieur, Arthur est une figure éclairée, presque messianique, travaillant dans les champs aux côtés de son peuple et jurant qu’il déteste la guerre même s’il n’a jamais perdu une bataille. Ni le scénario ni la performance de De Caestecker n’éclairent toute profondeur sous cette persona. Derfel, handicapé par un accent maladroit de Campbell, idolâtre Arthur et désire Niume (Ellie James), l’élève de Merlin et une jeune druidesse vouée au célibat.
«The Winter King» se déroule bien avant qu’Arthur n’épouse Guenièvre, qui apparaîtra dans la seconde partie de la saison, et avant que Mordred ne se transforme en ennemi de son frère aîné. Mais malgré ses idées intrigantes sur le déclin du paganisme ou la naissance d’une identité nationale, la série ne parvient pas à rendre ses protagonistes aussi réalistes que son cadre. “The Winter King” veut donner l’impression que le VIe siècle est réel, mais ses héros restent l’objet de fables.
“The Winter King” sera diffusé sur MGM+ à 21h le 20 août, avec de nouveaux épisodes diffusés chaque semaine le dimanche.
Source : variety.com