Les grandes figures du discours authentique selon Sir Michael Parkinson
Si vous vous intéressez à l’histoire culturelle du monde anglophone et que vous avez accès à Internet, votre recherche vous a sûrement conduit à un moment donné à Sir Michael Parkinson, intervieweur de télévision britannique, décédé mercredi à l’âge de 88 ans.
Un intervieweur britannique emblématique
Si aux États-Unis, on peut comparer Parkinson à Dick Cavett pour la richesse et la profondeur de ses interviews, ces deux hommes ont des attitudes bien différentes. Parkinson, avec son parcours dans le journalisme écrit, est devenu une véritable institution en prime-time et un trésor national. Ses milliers d’interviews menées tout au long de sa carrière constituent une véritable encyclopédie de l’époque.
L’éclectisme des invités
Les talk-shows de Parkinson, qui ont eu lieu de 1971 à 2007, ont accueilli de nombreuses personnalités telles que Kirk Douglas, James Stewart, Bing Crosby, Orson Welles, Fred Astaire, Robin Williams, Kenneth Williams, Peter Cook, Peter Sellers, Spike Milligan, John Cleese, Stephen Fry, Barry Humphries (en tant que Dame Edna Everage), Richard Burton, Peter O’Toole, Paul McCartney, George Burns et Walter Matthau (les “Sunshine Boys”), Peter Ustinov, Billy Connolly, James Cagney et Pat O’Brien, David Bowie, Elton John, Noel Gallagher, Madonna ainsi qu’un major de l’Armée du Salut âgé de 96 ans. Les sujets américains semblaient parfois plus libres de parole face à un public différent.
Le talent d’intervieweur de Parkinson
Nous sommes dans une ère de discussion ; le boom des podcasts a créé d’innombrables heures de conversation sur tous les sujets imaginables, des célébrités à la politique en passant par les amplificateurs vintage. Cependant, il faut une certaine dose de sang-froid pour s’asseoir devant des personnalités célèbres, devant une caméra et un public et simplement… discuter. Parkinson lui-même disait que “vous ne pouvez pas répéter une interview”. Selon lui, le plus grand plaisir réside dans l’incertitude de l’exercice, dans le fait de poser les bonnes questions sans être délicat sur certains sujets sensibles. Ce n’est pas seulement une question de recherche préliminaire.
Un talk-show authentique
Parkinson appelait son émission de discussion “un acte contre-nature entre adultes consentants en public”. Contrairement aux talk-shows américains, souvent superficiels, hautement orchestrés et évidemment promotionnels, avec des questions prédéfinies et des réponses gardées, dans un show comme celui de Parkinson, l’espoir était que quelque chose de réel puisse se produire, que nous puissions apprendre quelque chose plutôt que d’être simplement divertis, tout en étant divertis. Il était également important que l’intervieweur lui-même soit intéressé par ses invités. Bien que certaines interviews aient été tendues, la plupart du temps, Parkinson semblait prendre du plaisir et était toujours pleinement présent. Il riait facilement, mais pas ostensiblement ni obséquieusement. Contrairement à certains animateurs, il n’en faisait pas trop – même s’il n’était pas contre faire un spectacle quand cela était approprié.
Dans un segment mémorable, il interviewe Kermit la Grenouille au sujet de sa relation avec Miss Piggy, pour laquelle Kermit avoue son propre amour (“Tu es dans de beaux draps”, dit Kermit). Cela mène à une scène amusante entre l’animateur humain et le Muppet porcin. “Puis-je te poser une question très personnelle”, demande Miss Piggy en retournant la situation. “Est-ce une perruque ?” “Si tout se passe bien”, répond Parkinson, “vous pourrez peut-être en connaître la vérité plus tard”.
Source : www.latimes.com