Le point fort de “The Tour”, le nouveau défilé de mode de Victoria’s Secret, c’est JennyFax

Le point fort de “The Tour”, le nouveau défilé de mode de Victoria’s Secret, c’est JennyFax

Coup dur pour Victoria’s Secret. La célèbre marque de lingerie a connu une chute spectaculaire ces dernières années. Son émission annuelle, le Victoria’s Secret Fashion Show, qui était autrefois un événement télévisé sexy attisant les fantasmes, a été annulée suite à de fortes critiques. Mais aujourd’hui, la marque est de retour avec un nouveau projet : un film intitulé “The Tour”.

Un film audacieux et provocateur

“The Tour” est un film surprenant, un mélange de défilé de mode, de documentaire expérimental et de vidéos musicales. Il met en scène des créateurs émergents issus de quatre villes différentes : Londres, Lagos, Bogotá et Tokyo. Chacun d’eux apporte sa vision personnelle de la féminité et du corps féminin. Des mannequins connus, tels que Adriana Lima et Naomi Campbell, font une apparition, ainsi que des personnalités telles que Hailey Bieber, Emily Ratajkowski et Paloma Elsesser. Le film regorge également d’artistes visuels, de poètes, d’artisans, de musiciens et de multi-talents. Sans oublier le nombre surprenant de chiens et de chevaux présents dans le film.

Si cela peut sembler flou et peu cohérent, c’est parce que le film est en effet difficile à cerner. Il est difficile de comprendre comment exactement la marque a changé sa philosophie en abandonnant totalement l’ancien format. Néanmoins, une chose est sûre : le film met en avant une plus grande diversité de modèles, ce qui est un bon point pour Victoria’s Secret.

Le talent de la designer Shueh Jen-Fang

Parmi les différents designers présents dans le film, un talent se démarque : Shueh Jen-Fang, une créatrice taïwanaise basée à Tokyo. Ses créations, portant le nom de JennyFax, sont un pied de nez plein d’humour à ce que représente historiquement la marque de lingerie. Shueh apporte une vision originale et décalée en utilisant des sous-vêtements Victoria’s Secret de manière déconstructurée et déscontextualisée. Ses créations étranges et surréalistes donnent aux mannequins une allure unique, loin des standards habituels de la marque.

En utilisant des soutiens-gorge et des culottes Victoria’s Secret cousus ensemble en plusieurs couches, Shueh parvient à créer des tenues à l’apparence relativement modeste. Elle joue également avec les formes et les tailles en créant des robes en plastique moulé qui donnent l’impression d’avoir des poignées d’amour et des ventres mous. Le résultat est à la fois comique et provocateur, remettant en question l’idée fantaisiste de Victoria’s Secret face à la réalité de la vie quotidienne.

Une approche qui pourrait sauver la marque

Depuis quelques années, Victoria’s Secret est en quête de crédibilité auprès des consommateurs. Son projet VS Collective, lancé en 2021 en collaboration avec des personnalités telles que Megan Rapinoe et Naomi Osaka, n’a pas eu le succès escompté. La marque peine à se réinventer dans un paysage où de nombreuses marques concurrentes ont déjà adopté une approche inclusive. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour la marque afin de regagner la confiance des consommateurs.

Cependant, l’approche ironique de Shueh Jen-Fang dans le film “The Tour” pourrait donner des pistes à Victoria’s Secret pour se réinventer. En subvertissant avec malice ce que représente la marque, en faisant face avec autodérision à la réalité des corps et en offrant une vision plus authentique, Shueh ouvre la voie à une possible renaissance de Victoria’s Secret.

Source : www.washingtonpost.com

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Sylvain Métral

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